OLÂM : Évoquer le processus colonial à travers l’abstraction
L’œuvre OLÂM vient illustrer un poème du même nom que j’ai écrit en 2022 à Montréal.
Je sortais de l’exposition : “ Voix autochtones d’aujourd’hui : savoir, trauma, résilience ” au Musée Mc Cord.
J’étais extrêmement émue par les récits des souffrances passées et des blessures toujours vives liées à l’entreprise de dépossession puis d’assimilation subie par les populations natives du Canada…
Ces histoires de spoliation, d’arrachement, de violence, de douleurs immenses causées par l’invasion coloniale, m’ont renvoyée à ma propre histoire familiale.
Mes grands-parents maternels sont nés dans le Cameroun des années 20.
La colonisation a laissé des stigmates, des trous dans les récits familiaux, des maux visibles et invisibles.
Cette fresque évoque ce point de rupture dans l’histoire des peuples dépossédés de leurs cultures d’origines, de leurs spiritualités, de leurs modes de vie ancestraux.
Elle parle du passage des rites animistes au culte chrétien. De la transformation de sociétés traditionnelles contraintes à abandonner leurs connaissances.
Du diktat de l’uniformisation venu remplacer des visions polymorphes et holistiques du vivant.
Dans mon langage artistique abstrait, la lecture se fait à travers des symboles qui parlent de nature, de traditions, de croyances, de déchirure, de religion…
Les formes et les couleurs construisent un langage, appuyé par des mots en Mbo et en Ewondo, les dialectes parlés dans ma famille maternelle.
L’œuvre OLÂM est un projet personnel, une œuvre que j’avais besoin de faire naître en hommage à mes ancêtres.
C’est une trace, un ex-voto. Un message d’espoir à destination des peuples dont les cicatrices peinent à se refermer.
OLÂM artwork : Evoking the colonial process through abstraction
The work OLÂM illustrates a poem of the same name that I wrote in 2022 in Montreal.
I was coming out of the exhibition: “Indigenous voices today: knowledge, trauma, resilience” at the McCord Museum.
I was extremely moved by the stories of past suffering and still-deep wounds linked to the process of dispossession and then assimilation suffered by the native populations of Canada…
These stories of dispossession, uprooting, violence, immense pain caused by the colonial invasion, took me back to my own family history.
My maternal grandparents were born in Cameroon in the 1920s.
Colonization has left stigmata, holes in family stories, visible and invisible evils.
This fresco evokes this breaking point in the history of peoples dispossessed of their original cultures, their spiritualities, their ancestral ways of life.
It tells the transition from animist rites to Christian worship. It shows the transformation of traditional societies forced to abandon their knowledge.
It evokes the dictate of standardization that came to replace polymorphic and holistic visions of life.
In my abstract artistic language, reading is done through symbols that speak of nature, traditions, beliefs, heartbreak, religion…
Shapes and colors build a language, supported by words in Mbo and Ewondo, the dialects spoken in my maternal family.
The work OLÂM is a personal project, a work that I needed to create as a tribute to my ancestors.
It’s a trace, an ex-voto. A message of hope for people whose scars are struggling to heal.
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